A.C.A.B,
All Capitalists Are Bastards

A.C.A.B est un long métrage documentaire d'environ 1h30 sur les mouvements sociaux actuels : du Mouvement Étudiant 2018 à ceux aujourd'hui, résonance de mouvements contestataires plus anciens contre la loi LRU et la loi travail notamment.

Dans la démarche, il s'agit d'un film « en train de se faire », car le dispositif filmique est le plus transparent possible. Cela permet d'objectiver les sujets filmés d'ouvrir le regard du spectateur sur ce qui est filmé et de montrer l'autre côté de l'image souvent effacé au montage.

Je réalise ce projet seule : des démarches de production, au montage en passant par les prises de vues sur le terrain jusqu'à la distribution.
La Sorbonne-Nouvelle soutient financièrement le projet.

Je monte un dossier de financement pour le FSDIE de Paris-Sorbonne et pour le Crous de Paris dans l'espoir de les obtenir.

À l'origine, l'acronyme A.C.A.B fut utilisé par les skinheads au Royaume-Uni, signifiant alors All Cops Are Bastards. Au cours des décennies l'acronyme prit des significations différentes, faisant des allers et retours entre l'extrême gauche et l'extrême droite : All cops Are Bastards, All Capitalists Are Bastards, Anarcho Communists Are Bastards, All Colors Are Beautiful, etc.

Ce sera la signification All Capitalists Are Bastards que j'interrogerai dans ce documentaire. En effet, le long métrage tentera d'expliquer et d'illustrer en quoi toutes les revendications actuelles sont les conséquences d'une seule et unique machine intelligente, invisible, omnisciente aux pouvoirs dévastateurs : la machine capitaliste. Plus précisément, afin de mettre en scène cette approche, la période sollicitée s'ouvrira sur le Mouvement Étudiant de 2018 jusqu'au Mouvement des Gilets Jaunes de 2019 en passant par les cheminots, les aides soignants, les postiers, les lycéens, les intermittents du spectacle, et les marches pour le climat.

La question posée dans ce documentaire est celle de savoir comment filmer le capitalisme, cette chose intouchable et complexe à saisir. Celui-ci est aujourd'hui assumé par une logique néolibérale que les politiques tentent d'appliquer à tous les corps de métier. Cela passe par une privatisation totale en créant une compétitivité lucrative à l'échelle mondiale. La quête du « progrès », enfant de cette machine, détruit depuis des décennies la planète et paradoxalement l'espèce humaine elle-même : nous ne sommes plus humains, mais nous devenons des hommes- machines, un chiffre, un salaire, une machine produisant des richesses.

D'une autre manière, A.C.A.B répond concrètement à cette candide réflexion : « les gens râlent pour tout et n'importe quoi, ils veulent le beurre et l'argent du beurre ». Il se veut alors un outil de réflexion sur l'origine de ces contestations.

Le documentaire, au travers de témoignages et de prises de vues sur le terrain tâche de saisir le pragmatisme de chacune des luttes actuelles dans leur fond et leurs formes d'actions. Il questionnera par là la notion de démocratie, la répression, les violences policières, l'État policier qui s'instaure sous nos yeux, mais aussi la question du genre et celle du racisme latent à chaque échelon de la société française. A.C.A.B, se voulant le plus large possible, proposera des points de vues opposés, aux idéaux différents, afin d'interroger la réflexion sur l'Autre.

La réalisation sera composée d'images d'archives, de photographies, de vidéos, d'articles de journaux, de voix-off. Elle se veut un patchwork des moyens de communication contemporains qui ont conduit à l'ère des fake news et de la désinformation.

Les plans que je tourne en tant que réalisatrice du film seront systématiquement en noir et blanc. Cependant, les images d'archives prises sur le vif seront en couleur dans leur format d'origine afin d'être au plus près de la « réalité ». Le noir et blanc de mes plans souligne l'aspect subjectif de ce documentaire, c'est une caméra que je pose, un regard. Je tiens à souligner le rôle de la caméra dans la transmission du message. En noir et blanc est la réalité sur laquelle j'apporte une réflexion, une réalité sur laquelle j'ai fixé la lentille de mon objectif. Ici, un noir et blanc pour souligner la gravité des événements contemporains, là un noir et blanc pour encadrer un point de vue, celui que j'adopte.

A.C.A.B s'adresse à tous : à toutes les classes sociales, à tous les âges, aux hommes et femmes de toutes origines et de toutes religions, car l'enjeu est universel. En effet, aujourd'hui, si nous voulons sortir de cette crise économique, politique, humaine et avant tout environnementale, la question n'est plus comment cultiver notre potager, mais plutôt : comment devons nous vivre ensemble. Cela, inévitablement passe par la connaissance de l'Autre et donc par la compréhension des problèmes sociaux.