SYNOPSIS

Contraint de jouer du piano par ses parents, Arthur, 10 ans, préfère, de sa fenêtre, regarder ce qui se passe dehors. D'abord ennuyé par la surveillance maternelle, Arthur commence à prendre plaisir à provoquer ses parents, entrainant un jeu de chat et de la souris avec sa mère. Mais lorsque celle-ci cesse ses allées et venues dans sa chambre, il se sent soudainement délaissé. Il exprime alors sa frustration en commettant une bêtise qu'il croit irréparable. Au moment de passer à table, il rejoint ses parents dans l'angoisse d'être puni. Pourtant rien ne se passe. Les parents semblent complètement ignorer la présence du garçon. Arthur, furieux, ne sait plus s’il doit cacher ou au contraire attirer le regard de ses parents vers les marques de sa culpabilité.

NOTE D'INTENTION

ARTHUR! c'est d'abord le nom d'un enfant sans visage. Le fils de ma voisine du dessous lorsque j'étais adolescent dont le nom me parvenait sous la forme d'un cri srident transperçant les cloisons. Je ne crois pas l'avoir croisé, mais je connaissais toutes ses bêtises. Sa mère s'époumonait à chacune d'elle. Et il en faisait beaucoup...

Alors, quand plus tard, l'idée m'est venue de raconter l'histoire d'un petit garçon de 10 ans, qui en fait voir de toutes les couleurs à ses parents, ce nom a jaillit dans mon esprit sans que je sache d'abord d'où il venait. Puis le souvenir se fit plus net. C'est ,d'une certaine manière, un hommage que je lui rends.

L'histoire, elle, est née d'une observation toute simple: faire une bêtise sans punition ça n'a pas d'intérêt. Si on compare la bêtise comme moyen d'expression pour l'enfant, alors la punition serait la critique. Et c'est elle qui donne du sel lorsqu'on crée une oeuvre. On la redoute, mais sans elle, nos créations n'auraient plus de sens d'être. Pour un enfant se faire punir c'est aussi un moment de gloire car on a osé braver l'interdit et on a suscité des réactions.

J'ai donc écrit le script de ARTHUR! avec cette idée en tête. j'en ai fait un provocateur, une teigne, qui se rebelle face aux règles, mais paradoxallement se soumet face à la sentence avec un certain plaisir. Ce fut ma deuxième idée, la punition comme marque d'affection. Je n'en dis pas plus et vous laisse imaginer ce qui peut bien se passer dans la tête de ce garçon.

Il est le centre des attentions familiales, entre un père permissif et une mère interventionniste. Et c'est en jouant sur ce hiatus que le garçon puise sa force. Combien de fois nous-même à cet âge, nous avons tiré à notre avantage les décisions contraires de nos parents. Seulement ici le triumvirat n'est pas aussi schématisé qu'il n'y paraît. Pour rendre sensible cette relation complexe entre enfant et adulte, j'avais envie de m'immerger dans ce monde un peu narcissique d'un petit garçon convaincu d'avoir déchiré le monde en deux. La dramatisation du cadre et des mouvements de caméra, nous permettent de vivre l'action comme Arthur la ressent. Il est important pour moi que l'image adopte le point de vue de l'enfant et ses différents changements d'états d'âmes favorisant ainsi les fausses pistes pour le spectateur.

L'espace joue aussi un rôle important. J'ai choisi de tourner dans une maison d'apparence bourgeoise, mais usée par le temps, aux recoins décrépits. Un contraste avec l'ordre qu'essaient de faire régner les parents. Plutôt que de lutter inutilement contre cette poussière indélébile, ils apprennent à vivre avec. Et c'est ce qu'ils feront avec Arthur. Le fait d'avoir un décor divisé en plusieurs niveaux permet également de mieux séparer notre trio, offrant à Arthur un terrain de jeu, mais le désolidarisant de ses parents. Ses derniers profitent, quant à eux, d'un espace pour tenir leur concile et renforcer leur alliance contre ce despotisme infantile et étouffer ce cri de rébellion.

La musique a évidemment une grande importance. Les fausses notes jouées par Arthur, ouvriront le film, devenant supplice pour les parents. Elles permettent de jouer avec le hors-champs et d'avoir un premier aperçu du caractère difficile du garçon. Ayant la chance de collaborer avec un jeune compositeur de talent (Stéphane Gassot), la musique sera composée spécialement pour le film. Une mélodie simple, au piano, soulignera l'ambiance inquiétante et les différents sentiments de l'enfant qui se complexifiera tout au long du récit.

LE TOURNAGE

Il aura lieu en banlieu parisienne dans un seul décor, une petite maison. Nous avons prévu 4 jours de tournage avec une équipe réduite, jeune et volontaire. Le format du film sera le 16mm et la durée finale sera de 10min.