Deux explorateurs aux parcours complémentaires pour réaliser un état des lieux

Frédéric Presles Cristian Donoso Tenaoun à Chiloe le but à atteindre.

Aussi après avoir eu la certitude qu’une expédition va permettre de découvrir l’île, accompagné de personnes compétentes pour en étudier l’histoire survenue presque deux siècles auparavant, il était évident pour Frédéric qu’il fallait vivre cette aventure jusqu’à son épilogue en empruntant pour le retour, les moyens utilisés par les naufragés d’alors.

Cristian explorateur chilien spécialiste de la Patagonie, du cercle arctique et
Antarctique, et Frédéric, ont choisi une embarcation ressemblant à celle qui a été utilisée pour le sauvetage des naufragés de La Delphine.

En effet, les quelques marins partis chercher les secours à bord d’un canot rafistolé qui prend l’eau réalisent donc un premier parcours de 900 km dans des conditions hors norme, vont, une fois arrivés à l’île de Chiloé se doter d’une lancha Chilota, embarcation traditionnelle pour retourner chercher leurs camarades. Un nouveau voyage de 900 km dans l’autre sens, puis parcourir une dernière fois ces 900 km avec l’ensemble des naufragés pour, afin que tous ensemble se sortent de cette situation.

Ils ont ainsi navigué presque 3000 km, sans carte, ni aucun instrument autre que leur savoir-faire et leur soif de liberté.

CAS 3115 de beau temps

De gauche à droite : Illustration réalisée par Alfred dans son manuscrit, Lancha au début du XXe siècle, Lancha actuelle... Celle qui sera choisie in fine, le sera fin juin 2022 lors du repérage technique.

Cristian et Frédéric ont trouvé à Chiloé une embarcation similaire à celle utilisée par les matelots. Ils la feront parvenir à Puerto Natales par Ferry, la prépareront sur place avant le départ de l’expédition scientifique, puis la lancha sera tractée par les deux bateaux de l’expédition jusqu’à pied d’œuvre.

Une fois sur place, et peu avant que les bateaux qui les auront emmenés ne repartent, les deux explorateurs attendront la fenêtre météo idéale pour ensuite entamer le voyage vers Chiloé et emprunter une route proche de celle des marins de l’époque.

Ce sera le point de départ de cette véritable aventure !

PORT CARL or Isla Grande de Chiloé: Esquel or Quellón Trevelín P!Quilan of RETOUR Puerto Aisén Coyhaique haohuo de Tres Chile Chico Perito Isthmus Cochrane C.Tres Jesuits Sound Gulf of Penas Tortel Channels Mouth Ti Bakers Islands Gobernador Inlet Gregores Sound Dynely

A gauche la carte moderne et le trajet envisagé des deux explorateurs, adroite la carte ancienne avec laquelle naviguait l'équipe de secours et le trajet repéré dans le manuscrit..

Des scientifiques fédérés autour d’une mission d’évaluation archéologique dans une région jamais fouillée

Christophe Pollet, et les deux autres chercheurs de l’organisation chilienne IANS, bien connus pour leur travail d’investigation sur les épaves, emboîtent les pas de Frédéric et l’accompagneront, pour découvrir l’île perdue.

Christophe Pollet Pedro Pujante Alfredo Prieto Laurent Pavlidis Le chef de mission Scientifique Archéologue Sous-Marin Ethno Paléontologue Conservateur du Musée de Archéologue Sous-Marin Spécialiste de la détection Spécialiste des ethnis nomades la marine de la Citadelle de Historien enfouie de la mer. Saint-Tropez Historien Spécialiste de la marine du XVII au XIXe siècle

Christophe ; le responsable scientifique de l’expédition a souligné dès le départ de sa collaboration avec Frédéric que le récit est un véritable trésor historique, et qu’à ce titre il méritait d’être documenté in situ.

Aussi après avoir déterminé les moyens qui permettent de se rendre sur place, Christophe demande à Pedro le spécialiste de la détection des épaves englouties, et à Alfredo, spécialiste des ethnies de la région, de se joindre à lui pour réaliser une première évaluation archéologique de terrain, afin de vérifier les éléments du récit.

Une première, dans cette zone où pour l’instant aucune mission de ce type n’a pu être organisée…

Laurent Pavlidis, Historien spécialiste du monde maritime a retrouvé les éléments qui permettent de savoir aujourd'hui (enfin !) ce à quoi pouvait ressembler le navire La Delphine. Une aide precieuse pour faire le tour de la question. La petite représentation que nous avions trouvée dans les archives familiales nous laissaient dubitatif, mais grâce à laurent, nous avons compris qu'il s'agissait bel et bien du bateau en question !

Dessin de la Lancha et de La Delphine retrouvé dans des archives familiales, finalement validé après les recherches réalisées par Laurent Pavlidis, conservateur du Musée de la Marine de la Citadelle de Saint Tropez.

Il est certain que vingt hommes livrés à eux-mêmes pendant sept mois sur une île isolée, qui ont bâti un campement de fortune, alimenté un foyer au quotidien et rassemblé tous les éléments de bords qui pouvaient être sauvés avant la disparition de l’épave, doivent avoir laissé des traces, dont certaines ne se sont pas évanouies malgré les mauvaises conditions.

Des traces matérielles sont espérées, avec du verre, comme celui des dames-jeannes, des métaux issus de la cargaison, peut-être même des outils et autres ustensiles, qui n’auraient pas été recueillis par les natifs, nomades de la mer rencontrés sur place.

Autres éléments recherchés, les amas de coquillages laissés sur les plages par les nomades de la mer qui ont effrayés quelques marins lorsque la première trace de pied inconnu a été découverte d’une part, et par les naufragés d’autre part.

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A cette époque les récits effrayants se propageaient de marin en marin, c'etait l'époque de la traversée du Capitaine Bly que les mutins du Bounty avaient obligé à traverser le Pacifique, manquant de se faire dévorer par les Fidjiens, celle aussi de Moby Dick ( histoire vraie ) survenue au beau milieu du pacifique, pour finalement terminer sur les côtes... chilennes !

Autant de preuves de passages chères aux archéologues, et bien entendu à l’arrière-arrière-petit-fils d’Alfred qui se retrouve dans les pas de son héros !

Voici cette aventure dont certains éléments sont dignes d'un film à grand spectacle...

Pour tous ceux qui m'accompagneront au bout de ce rêve d'enfance, j'espère que nous serons amenés à nous rencontrer et boire un verre ensemble ! Que je vous raconte les anecdotes et imprévus qui ne manqueront pas d'être au rendez-vous ...

Mais qui était Alfred ? à part le fait qu'il est l'aïeul de Frédéric...

C’est sans aucun doute grâce à l’influence familiale, soulignée d’ailleurs par Alfred dans l’un de ces écrits qu’il va s’inscrire sur les registres maritimes le 5 juin 1830 (11 ans) en qualité de novice au port du Havre et obtient un premier embarquement partant à la Guadeloupe.

Le jeune Alfred va rapidement gravir les échelons, à seize ans il devient novice Pilotin (ce qui n’est pas donné à tout le monde), à dix-sept ans il est consigné comme officiers mariniers sur le registre des matelots et monte à bord du Théophile en tant que lieutenant. À dix-neuf ans en 1838 il contribue à l’expédition pour le Mexique sur la Néréide et participe à la prise de Saint-Jean d’Ulloa et à l’attaque de Veracruz. De retour l’année suivante par Toulon, Une dépêche ministérielle lui accorde un congé illimité et l’autorisation de naviguer sur les bâtiments de commerce afin de le mettre à portée de se faire recevoir capitaine au long cours.

C’est comme cela qu’il embarque en 1840 sur la Delphine en tant que Lieutenant, il reviendra une année plus tard au Havre après son aventure extraordinaire racontée de sa main dans les pages qui suivent.

Sa carrière est loin de s’arrêter, en 1842 il part à destination de Manille et Canton, on le voit réapparaître au Havre en 1845 lorsqu’il obtient à l’examen de Capitaine au long cours. D’abord second pendant un an vers La Havane, il prend le commandement d’un premier navire de 1847 à 1848. Il retournera d’ailleurs à Veracruz avec celui-ci.

ALFRED PORT DU HAVRE AU XIXE BUOT DE L'EPINE 71 ANS 46 ANS 1819

En 1849, alors qu’il a vingt-huit ans et qu’un avenir prometteur se dessine à l’horizon, on le trouve embarqué comme troisième lieutenant à destination de San Francisco, où il se rend en aller simple, pour devenir chercheur d’or. Pour le moment, on ne sait rien d’autre sur cette période, si ce n’est qu’il est revenu ruiné après les incendies. Aussi après trois ans passés comme aventurier, il prend un rôle de second lieutenant sur le bateau qui le ramera à bon port d’attache après être passé par Manille, Nantes et Ceylan.

En 1854 il prend le commandement d’une autre unité dont c’est le premier voyage. Après avoir passé le Cap-Horn, il remonte vers San Francisco, va à Shanghai, puis franchit le cap de Bonne-Espérance pour arriver à Londres avec un navire chargé de soie et de thé, il revient au Havre le 30 avril 1855, pour repartir un mois plus tard en dirigeant un gros Cap-Hornier. Destination du Cap-Horn, San Francisco à nouveau, puis Hawaï, les îles Marianne, Hong Kong, Singapour, Calcutta, et le Havre où il revient en octobre 1856, il embarque à nouveau un mois plus tard sur le même navire pour New York et revenir en juin 1857. Ce seront ses derniers voyages. Trois années à faire le tour du monde en circumnavigation.

Un an plus tard, à 37 ans, il épouse Nathalie à Caen, et ne voyagera plus.

En 1859, la famille s’installe à Dieppe. C’est à ce moment qu’Alfred commence sa seconde carrière, nommé Capitaine d’armement de la Compagnie Transatlantique au Havre, il surveille également les expéditions en l’absence d’agent maritime.

Il disparait en 1895 laissant bon nombre de passionnés de mers et océans , dont... Frédéric !

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