Et si Cyrano décidait de brocarder le politiquement correct, les idées reçues et la bien pensance en les embrochant au bout de sa plume...

Et s’il décidait de révéler le ridicule de ces expressions dans sa célèbre tirade du nez…

Chacune des tirades sera illustrée par un dessin en couleur réalisé par Isabelle Arca, peintre et illustratrice. Les contributeurs pourront indiquer un thème sur lequel ils veulent que j'écrive une tirade.

Et pour vous donner envie, voilà un exemple de tirade revisitée...

La tirade du métier (de kiné)

Ah, non, c’est un peu court, messieurs les profanes

Etes-vous vraiment aussi bêtes que des ânes

Pour ne point trouver mieux à dire sur les kinés ?

Agressif : Moi, monsieur, si c’était mon métier

Il faudrait sur le champ que je m’en débarrasse !

Amical : Il vous faut masser même les chairs grasses,

Vieilles et ridées ? N’en êtes-vous point dégoûté ?

Descriptif : Du corps et de l’âme vous vous chargez ?

Etes-vous donc psy en plus d’être kiné ?

Curieux : Faut-il vraiment avoir des doigts de fée

Pour soulager les maux des pépés, des mémés ?

Gracieux : Aimez-vous à ce point l’humanité

Que professionnellement vous vous préoccupâtes

De les remettre droit et toniques sur leurs pattes ?

Truculent : Ca, monsieur, lorsque vous les massez

Au feeling et sans à l’ordonnance référer

N’est-t-il point un médecin qui vienne s’en indigner ?

Prévenant : Gardez-vous, en toute fin de journée

De mélanger les noms et les pathologies !

Tendre : Prenez soin de vos mains, ce bel outil

Afin d’éviter qu’elles ne tombent un jour en panne !

Pédant : L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane

Appelle Hippocampéléphantocamélos

Eut pu refuser que vous touchiez ses os !

Cavalier : Quoi, l’ami, ce métier est à la mode ?

Pour gagner de l’argent, c’est vraiment très commode !

Emphatique : Aucun kiné ne peut me soigner si bien

Qu’avec votre esprit, votre humour et vos mains !

Dramatique : Ne partez pas en congé !

Admiratif : Ca, c’est vraiment un beau métier !

Lyrique : Quelle main céleste vous a offert ce don ?

Naïf : Mais vraiment, ce métier, l’apprend-on ?

Respectueux : Souffrez, monsieur, qu’on vous admire

Pour vous, c’est un métier, pour nous, c’est un plaisir.

Campagnard : Et, ardé ! C’est y un métier ? Nanain !

C’est juste un passe temps pour tous les bons à rien !

Militaire : Levez ! Baissez ! C’est assez !

Pratique : Si vous vouliez l’enseigner,

Les candidats afflueraient de Lille jusqu’à Pau.

Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot,

Le voilà ce métier que vous avez choisi

D’exercer de l’aube au début de la nuit.

Voilà ce qu’à peu près, mes chers, vous m’auriez dit

Si vous aviez compris ce que cache l’habit.

Mais comme vous ne voyez que mes mains averties

Vous restez en surface quand je touche à l’esprit !