Dans les années 1990, un tueur en série sévissait en Bavière. Une fiction ? À y regarder de près, peut-être pas tant que ça… Fruit d'une longue enquête, je vous présente un roman policier qui changera votre perception de l'humanité.

Un livre ?

Oui, car, qu’on le veuille ou non, le coronavirus va encore rester avec nous pendant un bon moment… Restez prudents et gardez vos distances ! Cet été, vous irez moins (ou pas du tout) à la plage, au bistrot, au resto… Cet automne, vous irez moins (ou pas du tout) au concert, au cinéma, au théâtre… Alors, oui, il vous faudra un bon bouquin qui vous changera les idées , un polar qui vous tiendra en haleine, bien calfeutré chez vous, au coin du feu, ou sous la couette (non, ne me dites pas que…), pour attendre que le virus passe pour de bon.

L’idée

75 ans après la libération d’Auschwitz, j’ai voulu me pencher sur d’autres atrocités nazies que la Shoah proprement dite. À travers un polar ‘classique’ – meurtres, enquête, procès – il décrit et dénonce des crimes moins connus du grand public : le ‘Programme T4’, ‘l’usine AFA’, le programme ‘Lebensborn’…

À la fois polar et roman historique, à travers une enquête qui tient en haleine et des rencontres amoureuses faisant contrepoids aux atrocités décrites, ce livre dûment documenté soulève deux questions jusqu’ici restées sans réponse : « Comment des hommes ont pu faire ‘ÇA’ à d’autres hommes ? » et « Comment se fait-il que ces crimes soient restés impunis ? »

Synopsis

Nous sommes en Bavière dans les années 1990. Sept années durant, chaque fois à la même date, un tueur en série commet un crime atroce. Une adolescente trisomique est tuée avec les gaz d’échappement d’une voiture. Un violoniste homosexuel est retrouvé dans sa baignoire remplie de glaçons, assassiné par hypothermie. Un couple de retraités est massacré à coups de chevrotines, puis décapité. Un riche industriel est vitriolé, puis brûlé vif dans une grange…

Qui est ce mystérieux ‘Vengeur’ qui reproduit des atrocités nazies un demi-siècle plus tard ? Et de quoi se venge-t-il au juste ?

C’est au Commissaire Albert Zwinger de la Criminelle de Munich de résoudre ce casse-tête. Son enquête piétine jusqu’à ce que le tueur en série se dénonce spontanément. Suit alors un procès retentissant.

À travers son enquête, l’auteur, qui a pu interviewer les protagonistes de cette histoire qui a traumatisé la Bavière entre 1992 et 1998, dresse ici un véritable « J’accuse ! » contre l’Allemagne d’après-guerre.

***

Deux extraits :

Bureau de la Police Criminelle, Munich, mercredi 27 octobre 1993, 11h30

Le commissaire Albert Zwinger était plongé dans un rapport concernant un réseau de cybercriminels particulièrement actifs dans le sud de la République Fédérale, quand le téléphone sur le bureau de Heike Pfeffer se mit à sonner. Zwinger n’y prêta pas attention : l’un des rôles de la secrétaire était de jouer les cerbères, et filtrer les appels entrants. Peu de personnes avaient le numéro de la ligne directe du commissaire. Ce n’est que lorsqu’il entendit « Un meurtre ? Vous êtes sûr ? Où ça ? », qu’il leva les yeux de sa lecture, un regard interrogateur sur sa secrétaire.

- Ne quittez pas, je vais vous passer le commissaire Zwinger. Un petit instant s’il vous plaît.

Elle couvrit le combiné de sa main et s’adressa à Zwinger :

- Un truc original comme vous les aimez, chef – un meurtre par le froid !

Les sourcils du commissaire montèrent d’un cran, en circonflexe, son front soudainement barré de multiples rides.

- Passez-le moi, je prends !

- « La », corrigea la secrétaire, tout en enfonçant quelques touches. Le téléphone sur le bureau se mit à sonner. Le commissaire regarda sa secrétaire, le regard interrogateur :

- La ?

- Oui, c’est une femme.

***

Munich, lundi 27 octobre 1997, 23h40

En sortant d’un bar du centre-ville de Munich, un couple découvrit un petit garçon, grelottant sous la pluie. Répondant à leurs questions dans une langue inconnue d’eux, mais sans doute slave, l’homme et la femme le prirent par la main et le conduisirent au poste de police le plus proche. On fit venir un médecin, qui releva de vieilles traces de coups sur le dos, les fesses et les cuisses. Mais sauf pour une faible hypothermie, l’enfant était en bonne santé. On lui apporta une soupe chaude et du pain, l’enveloppa dans une couverture et on le coucha dans une cellule, dont la porte grillagée restait grande ouverte. Le lendemain matin, on le rhabilla avec ses vêtements qui avaient eu le temps de sécher : ils étaient propres et en bon état : l’enfant n’avait pas pu errer longtemps. La ressemblance avec le petit Lukas Junker disparu deux mois plus tôt et dont la photo se trouvait toujours sur une affiche épinglée dans le commissariat était flagrante. Mais lorsque les policiers s’adressaient gentiment à lui en lui demandant s’il était bien Lukas Junker, le gamin avait un mouvement de recul et répétait sans cesse :

- Mam na imię Grześ, mam pięć lat. Nie jestem Niemcem, jestem Polakiem. Chcę iść do domu. Chcę znów zobaczyć moją matkę, tęsknię za nią.

Par ailleurs, on avait trouvé une petite pancarte dans l’une de ses poches, sur lequel était inscrit : MŚCICIEL

L’une des policières, qui avait un beau-frère polonais, crut reconnaître la langue dans laquelle s’exprimait l’enfant. On fit venir le beau-frère, qui s’assit en face du gamin et lui demanda gentiment :

- Jak masz na imię i ile masz lat? Comment t’appelles-tu et quel âge as-tu ?

L’enfant poussa une sorte de soupir de soulagement et répondit :

- Mam na imię Grześ, mam pięć lat. Nie jestem Niemcem, jestem Polakiem. Chcę iść do domu. Chcę znów zobaczyć moją matkę, tęsknię za nią.

L’homme se tourna vers sa belle-sœur et le chef de poste, puis traduisit :

- Je m’appelle Grzegorz, j’ai cinq ans. Je ne suis pas allemand, je suis polonais. Je veux rentrer à la maison. Je veux revoir ma mère, elle me manque.

Tout le monde dans la pièce se regarda. Il s’agissait bien de Lukas Junker, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Mais alors pourquoi parlait-il polonais et pas allemand ? Et pourquoi prétendait-il s’appeler ‘Gregor’ ?

On passa le bristol au Polonais. Il fronça les sourcils et dit :

- Je ne comprends pas…

Tout le monde le dévisagea. Il leva la tête vers les policiers qui l’entouraient :

- Mściciel... ça veut dire ‘Vengeur’

La policière ne put s’empêcher de murmurer :

- Oh putain !

Livre : « LE VENGEUR »

Livre : « LE VENGEUR »