Le projet est porté par une équipe de jeunes bénévoles queer de 20 à 30 ans. Les parcours de chacun.e sont très pluriels : il y a des étudiant.es, en cinéma mais aussi d’autres domaines, ainsi que plusieurs jeunes travailleur.euses, également dans le cinéma ou ailleurs.

Nous venons toustes de différents endroits : sud du Finistère et du Morbihan, Strasbourg, Paris, Lyon, Marseille et Lille.

Elora Bertrand et Cléo Bullier (qui portent ce projet sur Ulule) sont les deux producteur.ices du film. Iels viennent de Paris et de Strasbourg.

Pawel Thomas Larue est l’auteur du scénario et le réalisateur du film. Il a déjà réalisé la série documentaire Le Petit Bleu (disponible sur YouTube).

Voici sa note d’intention concernant Les Garçons dans l'eau :

J’ai 22 ans, je fais du cinéma, et entre autres choses, je suis trans. Depuis tout petit, et particulièrement ces dernières années, j’ai toujours été très sensible à la question du genre. Qu’est-ce que le genre ? N'y a-t-il réellement que deux genres qui existent ? Est-il possible de transgresser celui que l’on nous a assigné? De nombreuses questions résonnent en moi. Depuis longtemps.

Plus jeune, comme tou.tes adolescent.es, je recherchais des personnages auxquels m’identifier, des récits qui puissent me toucher intimement. Ça n’arrivait jamais. Aucun personnage trans dans les livres, au cinéma, jamais. Quand c’était miraculeusement le cas, c’était toujours des représentations douteuses, maladroites, violentes - car le plus souvent créées par des personnes non-concernées.

Je suis donc parti de là : qu’est-ce qui me manque comme représentations, comme récits? Qu’est-ce que je ne vois jamais au cinéma? J’ai commencé à écrire une histoire à laquelle l’adolescent que j’étais il y a quelques années aurait pu s’identifier.

Dans un premier temps, j’ai voulu composer une histoire avec des personnages trans où leur transidentité n’est pas le sujet du film. Tout comme les personnes trans ne sont pas que trans, les personnages trans ont eux aussi le droit à une complexité narrative, ils peuvent - et doivent - dès l’écriture du scénario, exister au-delà de leur parcours trans. Là, dans Les Garçons dans l’eau, c’est une histoire d’amour entre deux garçons, en Bretagne. Et il se trouve qu’ils sont trans, ces deux garçons, mais ce n’est pas le sujet. En tout cas pas le sujet central.

Au delà de l’histoire d’amour, il y a dans ce film un enjeu important : questionner la masculinité. N’y-a-t-il qu’une masculinité? Quelles sont les façons d’être au monde en tant qu’homme, et tout particulièrement, en tant qu’homme trans? Est-il possible d’inventer sa propre masculinité? Les garçons dans l’eau est une tentative, en sous- texte, de reconsidérer et réinventer les masculinités.

Le récit se déroule en Bretagne - là où j’ai grandi. Ce lieu qui m’a raconté tellement d’histoires étant enfant. J’avais envie d’inscrire Les garçons dans l’eau ici - entre les falaises et les digues, entre l’océan et les forêts - parce qu’il y a tant de résonances entre le sentiment amoureux et cet espace vaste et houleux. J’ai envie que le décor soit lui aussi un des acteurs du film. Les garçons dans l’eau sera l’occasion pour moi de repenser la manière dont raconter et filmer la Bretagne.

Dans le film, le personnage principal - Oscar - vient passer quelques jours dans la maison de ses grands-parents, en Bretagne. Il va vivre une brève histoire d’amour à cet endroit précis : le lieu de son enfance. Oscar, presque malgré lui, fait exister de nouveaux souvenirs dans un lieu du passé. Il crée un pont du passé jusqu’au présent. C’est par ailleurs la trajectoire que je mènerai en faisant Les garçons dans l’eau : quand j’irai filmer en Bretagne, d’ici quelques mois, ce sera l’occasion de revenir sur mes terres d’enfant, d’adolescent, j’irai déposer de nouveaux souvenirs là où il en existe déjà tant du passé.

Les garçons dans l’eau est une romance trans-pédé bretonne, pleine de questionnements.