Une pièce écrite par Jean-Félix CUNY, avec la complicité de Lise LEVITZKY. Interprète(s) : Florian CHAUVET, (rôles : Serge Gainsbourg + Sam), Félixe DE BECKER (Rôles : Lise Lévitzky jeune + Nina), Virginie VIGNON (rôle de Lise Lévitzky, de nos jours) - Metteur en scène : Jacques LECOQ, assisté de : Chloé FROGET - Régie : Jean-Yves PERRUCHON - Production: Jean-Sébastien MEVEL.

Félixe DE BECKER Florian CHAUVET

La compagnie Ter-Magis existe depuis 1995. Elle est implantée à Quimper (Après Paris et l'Essonne) et propose chaque année 1 à 2 spectacles (création ou diffusion) dans tous les registres : Spectacles pour enfants, Chanson, musique, théâtre classique et contemporain.

Quelques aperçus des spectacles produits (1995-2010)

EXTRAIT DE LA PIECE

PREMIÈRE RENCONTRE LISE NINA

Lise ouvre la porte de la maison, c’est Nina qui se présente

LISA : Je vous attendais plus tôt mademoiselle.

NINA : J’ai eu un peu de mal à trouver

LISA : De toute façon je n’ai que ça à faire… Attendre !… Attendre !… Quoi d’autre ?

NINA : Je m’excuse

LISA : (Sans animosité) Si vous vous excusez vous-même, il n’y a rien à ajouter… Eh bien, ne restez pas plantée là, posez vos affaires et asseyez-vous.

NINA : (Autour d’elle, toutes les chaises sont occupées, par des livres, des cahiers, des documents) C’est que…

LISA : Prenez les dossiers et posez les à terre, je suis si désordonnée. (Nina va pour s’exécuter, Lise l’interrompt) … Pas cette chaise, les revues ne sont pas encore classées.

NINA : (Elle hésite et ne percevant pas de réaction de Lise, elle se décide pour un tabouret à peine chargé d’un gros dictionnaire – Nina esquisse un sourire timide à Lise qui ne le perçoit pas tandis qu’elle se lève)

LISA : (Se levant lourdement) Vous prendrez bien un café ?… Autre chose ? (et disparaît dans la cuisine)

NINA : Un thé, si vous avez.

LISA : (Off) Je vais voir s’il y en a quelque part… J’ai horreur des tisanes !

NINA : Un café fera l’affaire.

LISA : (Revenant chargée d’une bouteille de vodka et de deux verres) A cette heure-ci le café perturbe le sommeil. Tenez, un peu de vodka… Polonaise ! Ça nous réchauffera. (Elle remplit généreusement les deux petits verres. Nina va le porter délicatement à ses lèvres). Cul sec ! (Elles s’exécutent) C’est au second verre qu’on peut savourer, il faut d’abord se faire la bouche. (Lise sert une seconde rasade à Nina éberluée) Vous êtes la troisième à vous présenter… Deux gourdasses, aucune classe, sans intérêt… Vous aussi vous êtes étudiante ?

NINA : A Rennes, c’est ma première année.

LISA : (Elle consulte un document amené par Nina) Et votre prénom c’est Nina ? C’est çà ?

NINA : C’est plutôt un diminutif mon prénom c’est…

LISA : (Consultant les certificats) Elina, c’est çà ? Elina Eloy ? C’est imprononçable… Vas pour Nina… Vous êtes russe ?

NINA : C’était le prénom de ma grand-mère, elle venait d’Imatra, c’est en Finlande.

LISA : Alors vous êtes presque russe. (Nina ne répond pas) Pardon, je veux dire que ça n’est pas très loin de la frontière.

NINA : Mon autre grand-mère avait épousé un russe… Mais je ne l’ai pas connu.

LISA : Il buvait ?

NINA : Il est mort jeune.

LISA : Alors il buvait beaucoup

NINA : Ma mère disait ça, oui !

LISA : Donc il battait sa femme et depuis chez vous on n’aime plus les russes… (Elle se redresse et presque amicale). Elisabeth, Russe de mère en fille, princesse Bielski, une russe blanche si vous préférez. Appelez-moi Lise.

NINA : (Elle se détend pour la première fois) Princesse ?

LISA : Chez nous, il en pleuvait. Il n’y avait pas de droit d’aînesse comme ici. Prince ou princesse, on pondait des princes et des princesses… Alors au bout de quelques générations… Mais rassurez-vous, le sang bleu me donne des hématomes… Je suis née princesse, pour ma part, dans un cinéma, ma princesse de mère à eut un hoquet, de rire j’imagine, et elle m’a pondu entre deux sièges… J’en ai gardé le goût de la simplicité et du cinéma… Vous saisissez ?… Et vous étudiez quoi ?

NINA : Je suis étudiante aux Beaux-arts, j’aimerai me consacrer à l’illustration

LISA : Pas graphiste au moins ? J’ai horreur de ce mot.

NINA : (Elle s’abstient de répondre, ne sachant pas quoi penser)…(désignant les peintures aux murs) On m’a dit que vous étiez peintre ? C’est vous tout çà ?

LISA : Ceux-ci sont de Lepien, un allemand, un résistant réfugié en France en 31. Il était avant guerre un membre éminent du Bauhaus. (Elle décrit vivement en l’air une sorte de cube) Un théoricien des formes géométriques. Il a été mon professeur, et un ami le reste de sa vie. Il est décédé en 91. (Elle semble se perdre dans ses pensées)

NINA : Alors lui c’est les ronds, et vous c’est… (Elle s’interrompt consciente de sa gaffe)

LISA : Les carrés parfaitement…

NINA : (Après un court silence)… Vos couleurs sont magnifiques.

LISA : C’est toujours ce qu’il convient de dire à un peintre quant on n’a rien à dire… Je vois que vous êtes une jeune fille bien élevée.

NINA : (Nina se ferme, consciente de sa maladresse)

LISA : Vous savez Nina… Je vous trouve très sympathique. (L’autre est maintenant au bord des larmes) Vous avez une sensibilité… C’est cela, sensibilité et délicatesse… C’est décidé, je vous garde.

NINA : (Lamentable) J’ai ici des garanties…

LISA : Ne vous inquiétez pas pour les garanties, si le loyer vous convient, vous me convenez… (Elle se lève pour l’entraîner) Vous voulez peut-être jeter un coup d’œil ? (Elles sortent) (Off) Vous voyez, elle est totalement indépendante, vous pouvez aller et venir, vous ne me dérangerez pas... Ah ! J’utilise la salle de bain de 9 à 10h… Après je retourne faire une sieste. Si vous pouvez vous organiser, la maison n’est pas très bien équipée, mais on a parfois de l’eau chaude…

NOIR - Court passage musical

Nous serons également présent en Avignon, dans le même théâtre, avec un second spectacle :

"LES GENS DE LA FONTAINE"