Nice – Canicule 2017

Comme chaque année, Pauline et Lucien accueillent Léo, ami d’enfance pour une semaine de détente, où ennui rime avec bonheur, comme toujours. Mais sur la côte, de mystérieux meurtres font la une des journaux quotidiens, faisant fuir les touristes de la région. Malgré la chaleur des journées et le silence des nuits, les vacances suivent leurs cours, comme toujours.

LES PREMIÈRES LIGNES DU SCÉNARIO

« Dans l’émotion d’un mois de juillet Niçois, je me suis laissé dire que tout pourrait maintenant arriver. Sordide jusqu’au bout, même le deuil faisait scandale. »

Août 2016 sur ma terrasse ensoleillé, j’ouvre Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras. L’histoire de Maria, en vacances avec son mari, sa fille et sa meilleure amie en Espagne. Aux alentours de Madrid lors d’une grosse averse, bloqués par la pluie dans une ville où vient d’être commis un meurtre, Maria voit naître la romance de son mari et de sa meilleure amie.

Transporté le temps d’un après-midi dans cette histoire de femme, l’idée de transposer ce triangle amoureux dans ce contexte de douleur collective et d’incompréhension m’est apparue être un bon socle d’histoire pour exprimer toutes ces sensations et sentiments qui m’animaient ces derniers mois.

PREMIÈRES PLANCHES DU STORY BOARD - (DESSINS D'ANTOINE RODRIGUEZ)

Twin Peaks - David Lynch

Il s’agit tout d’abord de témoigner de la violence et du choc d’un tel événement. Évoquer, avec pudeur et respect, et introduire l’idée d’un polar pour vous montrer le film que vous ne verrez pas.

L’analogie avec la nuit du 14 juillet 2016 est évidente mais ne sera pas le centre du film. Il me semblait important de placer cette histoire dans un contexte aussi contemporain que marquant. Car avec quel mal cette ville s’est réveillée. Fragile et apeurée, je me souviens de la tristesse figée sur les visages et du silence imposé dans les rues du centre ville.

Ou une sensation de l’été

« Comme toutes les couleurs, le Bleu est ambivalent, il dit aussi bien le songe romantique que les bleus de l’âme, les incertitudes de « l’heure bleue » et même, les peurs bleues paniques devant toute figure de « Barbe bleue ». Mais il peut se faire aussi bleu d’amour tendre, pour dire le rêve, la douceur et une forme d’innocence, ou glisser vers le sentiment d’une absence, dire le vague à l’âme et la nostalgie, au point de sombrer dans le «blues», la déploration d’un ailleurs inatteignable, ou d’un être aimé lointain ou disparu. » Pascale Lismonde dans Le goût du Bleu

Ce film est en somme un travail sur les variations de bleus - que je travaillerais avec mon chef-opérateur en pensant la couleur comme étant l'expression implicite des sentiments de mes personnages. Dur et intransigeant comme un bleu du Front ou doux et rassurant comme un azur profond, il s'agit ici donc de travailler ces nuanes tel un peintre et Klein, Matisse, Picasso, Ann Packard (Rowboat on Blue) ou encore Juliusz Lewandowski seront nos repères pour trouver au film son identité propre.

Série l'Air de Rien de Jerôme Robbe : http://http://jeromerobbe.com/country-trash-2/

" Les surfaces bleutées, argentées et cuivrées, mates et/ou brillantes des peintures de Jérôme Robbe évoquent autant la condensation de la vapeur d’eau sur une vitre, le lit d’un ruisseau qu’une image atmosphérique. Le caractère réfléchissant des tableaux piège le regardeur à la surface de l’œuvre dans des apparitions plus ou moins fantomatiques voire déformées par les ondulations du support. Si la référence initiale est celle d’un ciel ou d’une surface aqueuse les nombreuses couches de vernis jouent sur la déperdition dans la représentation, créant une impression d’inquiétante étrangeté."

Comme un désir de se confier, il s’agit de souvenirs aussi pathétiques que charmants, intimes et universels. Ici, quelques références exposant mon admiration pour ces artistes ayant réussi à capturer la beauté du corps, entre tendresse et désir.

Ballade de la Dépendance Sexuelle - Nan Goldin

En contact ou en conflit, des corps suants et moites car il s'agit avant tout pour moi de filmer des peaux nues, se déformant sous l’effet de la chaleur et exprimer ces sensations saisonnières, aussi érotiques que douloureuses.

Down by Law - Jim Jarmusch

Nu Zébré - Lucien Clergues Martha - Rainer Werner Fassbinder

Je filmerai la ville comme une menace, aussi agressive que silencieuse, oppressante et mystérieuse. Je pense aux vingt premières minutes d’Il était une fois dans l’Ouest où la chaleur paralyse les hommes face à une menace invisible mais palpable, un silence dans un plan large, les personnages seuls, subissent.

Place Garibaldi - Vieux Nice - Promenade des Anglais / 15 juillet 2016

Images : Justin Vaudaux (vidéo en bas de page)

Crique au Phare de St Jean Cap Ferrat, 06230

Quelques rues de la Vieille Ville de Nice, 06000

MARINE AZUR

MARINE AZUR