LE PITCH

Une voiture avance seule dans la nuit, chaudement enveloppée par des ténèbres trompeuses. A bord, un homme seul, partagé entre la fatigue et la lassitude, va se laisser tenter par l’idée de prendre un inconnu en autostop pour tromper son ennui. Une bien mauvaise idée en apparence…

Ces mêmes apparences qui ponctuent l’ensemble d’un récit basé sur le canevas classique du rapport que nous entretenons face à « l’autre », cet anonyme que nous croisons chaque jour en de multiples exemplaires et sous divers masques.

« Où va-t-il ? », « Que fait-il ? » « Est-il amical ou animé de mauvaises intentions ? », « A quoi peut donc ressembler sa vie par rapport à la mienne ? »

Une somme de questions qui bien souvent ne trouve jamais de réponse car sitôt que nous nous les posons, « l’autre » est déjà reparti pour laisser sa place à un suivant qui passera lui aussi son tour à d’autres anonymes, conservant ainsi perpétuellement cette aura de mystère.

Dans « Passager(s) », il nous semblait ainsi intéressant d’aller pour une fois jusqu’au bout de notre réflexion, de franchir le mur de l’apparence et ainsi découvrir ce qui se cache derrière lui.

Un voyage que seuls les plus curieux peuvent se décider à entreprendre et comme chacun le sait…la curiosité est un vilain défaut.

NOTE DU REALISATEUR

Le scénario de "Passager(s)" fait la part belle au suspens, à la tension. De plus, il utilise certains codes pour mieux les renverser. Pour appuyer ce fait, ma mise en scène sera froide, voire glaciale.

Afin que le spectateur soit plongé dans l'histoire, je compte faire oublier la caméra. Donc pas de mouvement tant qu'il n'est pas justifié par l'action. De plus, je ne crois pas aux plans rapides pour faire naître le suspens, donc je prendrai le temps d'allonger le temps, de faire peser des silences entre les deux personnages.

Le court-métrage sera tourné avec un 5D Mark II, renforcé par une grosse série d'objectifs. Le scénario, dans sa première partie, s'installe dans la nuit profonde de la campagne et de la forêt. Nous aurons une lumière de soutien minimale, mais l'ouverture des objectifs m'assure un résultat convaincant. Mon découpage technique joue beaucoup sur les zones plongées dans le noir, pour enfermer les personnages dans une solitude inextricable. Une fois arrivé sur l'aire de repos, nous profiterons d'un éclairage naturel plus présent.

Les images ne peuvent exister seules. Un thème musical est en train d'être écrit. Je tenais à ce qu'il soit travaillé avant le tournage, car il est d'une extrême importance. Sans en dire trop, disons qu'il a une grande importance pour l'histoire, je ne veux surtout pas d'une musique d'accompagnement qu'on oublie très vite. J'ai aussi fait le choix de jouer sur les silences et les bruits naturels dans toute la séquence en voiture, entre les deux personnages.

LES REFERENCES & INFLUENCES DU FILM :

Halloween (John Carpenter, 1978)

Pour la gestion de l'espace. Carpenter réussi, dans ce film, à esseuler un bout de quartier pavillonaire, et à faire qu'autour de celui-ci n'exite rien. Pas d'échappatoire...

The Shining (Stanley Kubrick, 1980)

Pour la volonté de prendre le temps d'installer une tension par les dialogues. La séquence des toilettes, entre Torrance et Grady, est un sommet du genre.

The Thing (John Carpenter, 1982)

Pour sa bande-son. Elle est la principale source d'inspiration pour celle de Passager(s). Petit clin d'oeil, le premier plan de Passager(s) sera un hommage à celui du film de Carpenter...