LE PROJET

Réaliser des films documentaires afin de faire découvrir le patrimoine et l'histoire de la Creuse à ses habitants... et au-delà. Des formats moyens et longs métrages permettront d'aborder des sujets de fond et peuvent s'inscrire dans des rencontres publiques avec projections et conférences.

LE PORTEUR DE PROJET

Depuis 15 ans, le réalisateur Marc Bielli s'attache à travers ses films à mettre à l'honneur des personnages historiques, des monuments ou des événements clés du passé. Touché par ce territoire creusois qu'il habite depuis quelques années, il a décidé de mettre son expérience au service de la mise en valeur de ce magnifique département.

LES INTENTIONS

Faire prendre conscience de la nécessité de transmettre et protéger l'acquis culturel, historique et naturel de notre territoire et que ces richesses peuvent être une source d'inspiration pour chacun d'entre nous.

LES MOYENS

Les moyens techniques de prises-de-vues et de post-production seront apportés par le réalisateur. Nous avons cependant besoin d'un complément de production extérieur pour financer les nombreuses heures de montage et faire appel à d'autres techniciens et artistes locaux.

LE CALENDRIER

Un premier épisode du projet La Cité Tourmentée a été réalisé en 2024. Trois épisodes devraient suivre en 2025. Cette série nous conte l'histoire singulière de Lavaveix-les-Mines, qui doit son existence à un siècle d'exploitation du charbon.

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LE PATRIMOINE...

« Le patrimoine est un discours, il participe d’un principe narratif (il a donc besoin de narrateurs) qui raconte les mythes originels, qui décrit les épopées fondatrices et les grands moments historiques d’un groupe ou d’un territoire. Il confère à toute réalité sociale une consistance temporelle (durée) et spatiale. Il l’invite à se projeter vers l’avenir, à formuler un projet collectif ». Guy Di Méo, géographe.

De mes déambulations audiovisuelles, s'est forgé peu à peu en moi le sentiment que l'histoire et le patrimoine étaient la matrice d'un lien quasi sacré entre l'homme et son territoire. Ce territoire, il n'est pas juste un lieu de vie, il communique intimement et secrètement avec nous. Ceux qui sont profondément attachés au patrimoine peuvent le comprendre intuitivement.
La conservation de notre héritage patrimonial et historique est certes louable mais est-elle pour autant suffisante ? Qu'en est-il de la transmission dans sa dimension la plus noble, dans l'idée de cession d'une connaissance ? Notre identité, elle se forge par cette compréhension intime et privilégiée avec notre territoire.

Nous vous invitons ainsi à découvrir ou redécouvrir notre histoire locale, à replonger dans nos racines pour se réapproprier les valeurs perdues.
Ce lien profond entre l'homme et sa terre, nos mineurs de fond creusois en représentent peut-être la quintessence. C'est probablement pour cette raison, inconsciente, que le premier projet de cette série de films s'ouvrira par l'histoire de nos gueules noires de Lavaveix-les-Mines, pour leur lien charnel bien que ténébreux avec la terre de Creuse... dans le creux de la Creuse nous pourrions dire.

Un peu d'Histoire...

D'où vient cette sensation étrange qui peut nous saisir en parcourant le bourg de Lavaveix-les-Mines ? En ce lieu, l'espace ne paraît pas agencé comme dans toute autre commune creusoise. Quelque chose d'impalpable et de singulier émane de ces routes et allées en ligne droite, bordées par des architectures contrastées. Pour peu que l'on prenne le temps d'y flâner, le promeneur pourra en outre avoir le sentiment qu'une autre temporalité semble s'y dérouler, altérée et déformée.

Lavaveix-les-Mines

La commune de Lavaveix semble marquée, comme si elle avait subi quelque traumatisme ou événement exceptionnel. Cette singularité trouve son origine dans l'histoire de ce territoire, une histoire brève et intense dont l'héritage est encore aujourd'hui le centre de toute les attentions.

Comme son nom l'indique, le sous-sol de Lavaveix-les-Mines contient des richesses qui ont suscité bien des convoitises. Si le charbon a été exploité par l'homme de manière domestique dès le Moyen-Age, c'est au 19ème siècle que quelques capitaines d'industrie décidèrent de la singulière destinée des lieux. C'est ainsi que la commune fut créée en 1868, à l'initiative d'une société, la Compagnie des Houillères d'Ahun. Ce fut une naissance difficile et contestée car elle se fit au détriment de deux communes qui furent amputées d'une partie de leurs territoires.

Durant quelques décennies, Lavaveix va se laisser entraîner par la frénésie industrielle naissante du 19ème siècle. La nouvelle commune va rapidement se muer en cité minière de plusieurs milliers de travailleurs et leurs familles.

Mais cette euphorie ne durera qu'un temps. L'enthousiasme des débuts va s'estomper progressivement devant les contraintes de rentabilité. Outre les fluctuations conjoncturelles du marché de la houille, le charbon du bassin d'Ahun-Lavaveix s'est avéré d'une qualité trop médiocre pour dégager des profits suffisants.

Dans ce contexte, les travailleurs des mines - les gueules noires - et leurs proches, vont particulièrement souffrir de leurs conditions. Bien que bons vivants, courageux et durs à la tâche, les contraintes salariales et patronales furent telles qu'elles poussèrent les mineurs à plusieurs mouvements sociaux, parfois durement réprimés.

Cinq localités condamnées à mort; cinq mille habitants chassés de leurs demeures! C'est ce qui arriverait si on fermait les puits de Lavaveix NE FERA-T-ON RIEN POUR CE DÉSASTRE ? LAVAVEIX-LES-MINES Puits de Ste-Barbe, chantier de triage et quai de rechargement

De la volonté de quelques-uns, probablement poussés par leur avidité, une nouvelle ville naquit, entraînant avec elle la marche du progrès : nouvelles industries, développement du chemin de fer, électrification de la région... L'opération s'est-elle avérée judicieuse au regard du sang et des larmes versés ? Une cruauté teintée de désillusion, qui a marqué autant les âmes que la cité elle-même, qui en porte les stigmates.

Un sentiment d'injustice traverse ainsi l'esprit à l'évocation de l'histoire de Lavaveix ; une émotion qui trouve un écho dans la destinée tragique de l'un de ses citoyens, le mineur Charles Michaud.

Cet homme rustre et simple fut accusé à tord de meurtre et condamné au bagne à perpétuité. Il passera 17 longues années de travaux forcés, avant que son innocence soit proclamée. Figure emblématique de la commune, le destin de Charles Michaud est le reflet amer et inique des infortunes de sa cité. Il y mourut en 1942, dans la pauvreté.

Si l'élan de la reconstruction d'après-guerre apporta son lot d'espoir à la communauté, elle n'empêcha pas le déclin inexorable de l'activité minière, concurrencée par les autres bassins nationaux et l'essor de diverses sources d'énergie. Après quelques années de convulsions économiques, le puits Robert, dernier puits encore en activité, ferme définitivement le 28 février 1969.

Quelques rares témoins de cette époque, parlent encore avec nostalgie de cette lente agonie et d'un mode de vie qui aura marqué cette terre et ces hommes.

Henri Durieux, dernier mineur vivant à Lavaveix-les-Mines

Durant les cinquante dernières années, Lavaveix a dû gérer son lourd héritage, se contorsionnant entre les impératifs sécuritaires du fait de l'instabilité des sols et la préservation d'un patrimoine pour le devoir de mémoire.

En ce début du 21ème siècle, alors que la végétation s'est maintenant épanouie sur les terrils, se posent les grandes questions environnementales liées aux conséquences de l'activité humaine.

Lavaveix, forte de son expérience passée, a peut-être quelques chose à nous enseigner, sur la place de l'humain dans ce monde et des choix qui se présentent à lui.

Faire de ce passé si singulier une force, tout en répondant aux défis du monde moderne, c'est ce que les femmes et les hommes de Lavaveix s'attellent aujourd'hui à réaliser.

Genèse du projet et intentions

Ma rencontre avec Lavaveix-les-Mines date de l'été 2021, par le biais d'une visite guidée organisée par la mairie. Cette visite a été motivée par le besoin d'en savoir un peu plus sur cette commune que j'avais pris l'habitude de traverser, entre mon domicile situé à une quinzaine de kilomètres et la ville de Guéret. J'avais ainsi remarqué l'aspect singulier de Lavaveix, dont l'urbanisme tranchait assez nettement avec l'agencement des autres communes creusoises.

Le site a été largement remanié depuis déjà quelques années, notamment en vue de sécuriser certaines zones aux sols instables. Il y règne cependant toujours une ambiance particulière, de par les vestiges conservés et les choix d'un urbanisme optimisé pour l'activité minière. Mon désir d'en faire un film documentaire vient de ces impressions d'un espace et d'un temps quelque peu en suspens, et le sentiment que le deuil de l'époque de la mine n'est pas encore révolu.

La charge de l'histoire et ses péripéties, pèse t-elle encore aujourd'hui sur l'inconscient collectif de la cité ? Dès sa création, Lavaveix a dû porter une culpabilité collective du simple fait de son empiétement sur les communes voisines. Ce « vol » de territoire déchaîna à l'époque les passions, comme nous l'attestent les sources du 19ème siècle.

Mon rapprochement avec l'association Les Ateliers de la Mine a constitué une rencontre déterminante pour donner une impulsion supplémentaire au projet. En tant que tiers lieu où se croisent des dynamiques sociales, économiques et culturelles, les responsables et bénévoles sont particulièrement favorables à la réalisation d'un film sur leur commune.

En plus du récit historique et de la singularité de l'urbanisme, il serait intéressant de rapprocher les actions de l'association, qui tente de dynamiser la commune et créer du lien social, avec l'état d'esprit qui régnait à l'époque de la mine. Au 19ème et 20ème siècle, une proximité et une solidarité s'exprimaient autant dans les drames et rigueurs du travail à la mine que dans le quotidien et les festivités qui étaient organisées.

L'association occupe le bâtiment restauré le plus remarquable des anciennes infrastructures minières. Avec sa structure massive, carrée, dotée d'une cour intérieure, elle fait figure de forteresse, défendant ainsi la mémoire de la cité. Le collectif des Ateliers de la Mine participe au fil des ans, à tenter de redonner vie à une cité qui ne compte aujourd'hui qu'à peine 700 habitants. Au plus fort de l'activité minière à la fin du 19ème siècle, la population de Lavaveix atteignait près de 4000 âmes.

Il s'agit à travers ce film, de faire en quelque sorte communiquer les vivants avec les morts, que la conscience des vivants intègre et dynamise son inconscient refoulé, avec le pari quelque peu paradoxal que les défunts inspirent aux vivants la vitalité dont ils ont fait preuve dans la rude expérience de l'univers de la mine.

Un siècle d'exploitation des sols a laissé à l'espace et au temps des stigmates qui peinent à s'effacer, où les éléments comme la terre et la pierre, le végétal et le minéral, s'en trouvent encore traumatisés.

Il pourrait être intéressant de méditer sur cette aventure minière qui est aussi l'expression d'une modernité qui, sous prétexte de progrès, peut se faire au détriment de l'humain et de l'environnement. Une modernité qui, dans ses principes, ne fait finalement que bégayer depuis le 19ème siècle.

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BONUS

Pour vous donner un avant-goût des richesses du patrimoine moyenâgeux de Creuse qui seront présentés dans nos prochains films, nous vous invitons à découvrir ce court-métrage sur la chapelle de la Croix-au-Bost.

La chapelle de la Croix-au-Bost est le seul vestige d'une ancienne commanderie de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Elle est datée du 12ème siècle et se situe sur la commune de Saint-Domet, Creuse. Elle a la particularité d'abriter entre ses murs un ensemble de peintures murales parmi les plus belles du Limousin.