Un sociologue a décrit les peuples habitant au bord de deltas comme étant plus utopistes que les autres. Dans la littérature, l’utopie est parfois représentée comme un groupe d’individus vivant dans un lieu imaginaire, heureux et en harmonie...

Un jour, au bout d’une petite route, je suis arrivé sur la plage de Piémanson, à l’embouchure du delta du Rhône. Cette plage est, avec le temps, devenue le symbole d’une appropriation collective et populaire d’un espace au nom d’une liberté, d’une convivialité et d’un droit à le vivre dans la nature pendant quelques temps

J'y rencontrais Vévé et Karen qui, chaque été, tenaient le « camp des filles » : des caravanes regroupées en hameau, un jerricane d’eau avec une batterie de voiture comme douche, un bar de plage comme repère visuel pour ceux qui se perdraient.

La plupart des gens étaient ouvriers, travailleurs sociaux, coiffeurs, mais aussi infirmiers et autres. Peu importait.

L’histoire qui primait était celle du lien amical, bienveillant, fruit d’une rencontre nous faisant nous dire que quoiqu’il arrive, où que nous soyons plus tard, ce qu’il en resterait était ce lien, ce qu’il nous avait permis de devenir ensemble et ce que chacun en ferait une fois seul...

Dans l’immensité de la plage investie par des vacanciers de tous horizons, les différents campements liés par le même mode de pensée formaient un quartier à part.

La Plage est l'histoire d’un partage conscient, éveillé, informel de mondes se rejoignant dans un espace sans contraintes.

Le travail photographique

Ce travail a été réalisé entre juillet 2006 et juillet 2012. Une partie des images a été exposé dans le cadre d'une master class des Rencontres de la Photographie d'Arles en juillet 2006.

Les images ont été réalisées en négatif couleur moyen format (6x6).

L’Œil de la Photographie a publié mon travail dans son blog (Article œil de la Photographie).

J'ai passé six étés sur ce travail et éditer cinquante images pour ce livre.

J'espère que ce projet trouvera un écho en vous.

Salah Benacer