text-align: justify;">SYNOPSIS
C'est comme un orage : on compte les secondes jusqu'au prochain coup de tonnerre pour savoir s'il approche, et parfois on sursaute. Quel pire danger que celui qu'on ne voit pas.
NOTE D'INTENTIONS
Je suis né, j'ai grandi et toujours vécu dans un pays en paix, pourtant accompagné du bruit des bombes : Afghanistan, Israël et Palestine, Irak ou Yougoslavie, Syrie aujourd'hui... A la fois loin et présent, tout autant saisissant que désincarné à l'écran ou sur papier glacé : on se sent concerné mais pas réellement impliqué, faute de lien affectif avec les populations victimes.
C'est ainsi que je le ressentais avant deux rencontres : une femme croate qui est devenue une amie, et une libanaise qui a été ma compagne. La première a fui la guerre, la seconde est restée dans son pays. A leur place, je me demande encore ce que j'aurais fait.
On imagine aisément combien vivre sous les bombes tient du calvaire. L'angoisse perpétuelle et l'incertitude y sont pires que les explosions : à quand la prochaine alerte ? A quand la fin ? Certains se cachent les yeux, se bouchent les oreilles et attendent que ça passe.

La jeune libanaise que j'ai connue, lors des bombardements qu'a subi son pays en 2006, en partant chaque matin de chez elle disait à son père « au-revoir, à ce soir », sans jamais savoir si cela se réaliserait. Il fallait, elle avait besoin de continuer à vivre, de faire comme, d'être là.

LE POURQUOI
C'est la raison d'être de cette histoire : montrer les liens, partager la peur, le réconfort et le soulagement, toujours en suspens. Et pour cela s'appuyer sur toutes les composantes qui confèrent une âme à un film : un lieu signifiant, une ambiance intense, des personnages forts et identifiables, une image construite où lumière et son deviennent pourvoyeurs d'émotion, une dramaturgie saisissante et troublante... un concentré de sensations que seul permet le cinéma.
On présume qu'il s'agit du Moyen-Orient ; pour autant, rien n'indique le lieu exact afin de donner un caractère universel à cette situation qui pourrait être vécue dans n'importe quel lieu de conflit. Le paradoxe de ce cadre hors du temps et de repères géographiques évidents, c'est de rendre cette histoire encore plus actuelle et proche de nous, universelle.

LES PERSONNAGES
C'est un film volontairement minimaliste : une pièce, un soir, une femme, un homme... Pas d'effet gratuit, rien de superflu : en période de guerre, seul l'humain compte vraiment.
C'est pourquoi les personnages sont fortement caractérisés pour immédiatement capter l'émotion, susciter l'empathie. Leur caractère, leurs comportements, les antagonismes dans ce qu'ils laissent transparaître sont comme une parabole du conflit qu'ils subissent, partagent et nous font vivre.

L’un d’eux est photographe de guerre, ce n’est pas anodin, les événements récents et la mort de reporters en zone de conflit y apportent un triste écho.
Le personnage connaît les périls de ces situations, il doit se montrer courageux et ne veut pas transmettre la peur. Il est conscient aussi de son rôle indispensable : faire savoir, informer, montrer la réalité, ne pas laisser ignorer ce que vit un peuple meurtri. Sa force, son sens du sacrifice ne lui laissent pas droit au doute, il doit rester fort et déterminé, même si cela tient parfois à un fil.
LE COMMENT
Dans une situation aussi intense, la lumière sera travaillée pour disparaître : sobre, modeste, renforçant l'intimité autant que l'oppression. Les bougies dessineront un éclairage palpitant, une vibration visuelle, un écho aux souffles crispés. C'est un drame qui formellement suit les codes des films d'horreur : des ombres, du hors-champ, une poitrine soulevée par la tension, un regard qui se perd ou cherche du réconfort... Montrer subtilement, dissimuler en permanence, susciter en suggérant.
Ainsi, dans la sobriété du lieu et du jeu des acteurs, c'est par les détails que l'on ira puiser l'émotion dans ses contrastes : caméra fixe, cadre serré, profondeur de champ réduite, montage tendu pendant les bombardements pour saisir la tension ; ouverture plus large, travellings presque imperceptibles, rythme plus doux durant les instants de calme, de soulagement. L'utilisation aussi de plusieurs caméras permettra au mieux d'aller chercher la véracité de la scène et la continuité du ressenti.
Il n'y aura pas de musique : vouloir souligner serait surligner les traits, les épaissir, casser la sincérité. Un design sonore à base de bruitages naturels suffira à peindre l'ambiance par petites touches. Mais le traitement du son sera prépondérant : c’est un élément majeur de la dramaturgie pour amener le spectateur au pic de l'émotion, comme si lui-même se trouvait sous les bombes.

Au final, peu de moyens, pas de grands discours, mais de la vie, en sursis.

Sur le fil

Sur le fil