Je suis une potière de 48 ans en reconversion professionnelle. Démarrer un nouveau projet est un sacré challenge, intimidant et en même temps tellement évident !

Rencontrer l'argile et le travail de la terre a été un tournant il y a quelques années, dans le temps pré COVID, où tout s'est décidé. J'ai découvert il y a peu que dans la famille de mon père, il y eut un potier.. comme un héritage..

Je fus successivement travailleuse sociale, commerçante, aujourd'hui secrétaire dans un collège. Pour développer mon métier je travaille à mi-temps, jusqu'au jour où enfin il sera possible de m'y consacrer à temps plein.

Les mains dans l'argile et je suis à ma place. Travailler une matière vivante qui regroupe les éléments pour se développer : l'eau pour la travailler (exclusivement de l'eau de pluie), l'air pour la sécher, le feu pour la cuire.. l'argile donne du sens à chaque objet, accessible à tous, bénéfique à tous.. développer une activité thérapeutique est un projet sous-jacent, le contact avec la matière pour des personnes en souffrance quelles qu'en soit l'origine est un média simple et salvateur.

Et en parallèle, lié à la poterie au tour, il y a l'univers des émaux de hautes températures qui me passionnent.

Théorisées notamment par un frère potier qui a aujourd'hui 101 ans, elles ouvrent une infinité de possibilités de découvertes à qui veut bien y consacrer du temps. Je suis particulièrement intéressée par les émaux de cendres, les émaux à base de matériaux sauvages, les recettes avec le moins de matières premières possible, sans certains matériaux qui me déplaisent à cause de leur procédé d'extraction ou pour leur risque toxicologique. Grâce à ces recherches et cette fabrication, je suis en capacité de décider ce que j'accepte d'utiliser comme matières et celles que je refuse. C'est une dimension inséparable de mon travail.

La magie d'une cuisson est que quelles que soient nos intentions, le résultat à la sortie du four est très souvent inattendu. Toujours surprenant. Et c'est le moment de lâcher prise, d'accepter de ne pas tout maîtriser, d'accepter ce que la terre, l'air, l'eau et le feu décident de réaliser..