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Christophe Agnus pour les textes (évidemment, vu que c’est l’auteur de Un jour en mer) et des dizaines de photographes pour les photos, dont Ewan Lebourdais, Benoît Stichelbaut, Henri Eskenazi, etc…

Un détail: le livre sera livré en août aux souscripteurs, et disponible en librairie, en nombre restreint, en octobre. Donc n’hésitez pas à le réserver dès aujourd’hui. En plus, si vous le demandez au moment de la réservation, l’ouvrage pourra être dédicacé…

Petit avant-goût des doubles-pages du livre…

Philosophie appliquée P arfois, mieux vaut ne pas penser. Ou plutôt ne pas y penser. Le danger. La peur. Le risque. Quand la mer se tache de blanc et commence à vous cacher Quand son bruit vous oblige à crier. Quand le vent vous fouette les oreilles et que le bateau ne sait plus comment se tenir. L'important alors est de se concentrer sur ce qui doit être fait. Une tâche à la fois. Ne rien oublier. Conserver le cap et, dès que possible, se mettre à l'abri. Sur la photo, les marins de l'Ocean race, en route pour un tour du monde (même avec escales) n'ont pas ce luxe de la vision réconfortante du port. Quand la tempête les touche, ils savent qu'ils n'ont pas d'autre choix que d'affronter un adversaire qui se fiche totalement de leur Peut-on d'ailleurs parler de combat pour ce moment qui défit plus l'esprit que le corps? Bien sûr, la di- mension physique est forte, il faut encaisser les coups des élé- ments, le froid, l'eau, la violence des mouvements du bateau, mais le plus difficile est mental ; accepter de livrer une bataille dont on ne sort jamais vainqueur (on ne bat pas la mer...), juste heureux d'avoir su gérer la puissance sauvage de la na- ture et, parfois, d'en être sorti plus vivant que jamais. On ne tient pas longtemps en mer sans une certaine capacité à phi- losopher. L'océan est plus qu'un élément naturel une leçon de vie. Pour apprendre peut-être, aussi, à penser ce que nous Photo Ronan Gladu / Biotherm / The Ocean Race proposent certains aspects de la vie à terre Tout ce qui a été dit des rois peut se dire des flots, écrivait Victor Hugo. On est leur peuple ; on est leur proie. Tout ce qu'ils délirent, on le subit En mer, au moins, on peut se mettre en fuite... On ne tient pas longtemps en men sans une certaine capacité à philosopher. L'océan est plus qu'un élément naturel une leçon de vie. 146 147

"Quand la tempête les touche, ils savent qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’affronter un adversaire qui se fiche totalement de leur existence. Peut-on d’ailleurs parler de combat pour ce moment qui défit plus l’esprit que le corps ? Bien sûr, la dimension physique est forte, il faut encaisser les coups des éléments, le froid, l’eau, la violence des mouvements du bateau, mais le plus difficile est mental ; accepter de livrer une bataille dont on ne sort jamais vainqueur (on ne bat pas la mer…), juste heureux d’avoir su gérer la puissance sauvage de la nature et, parfois, d’en être sorti plus vivant que jamais."

"Alors, peut-être faut-il chercher une autre signification à ce geste étrange du petit manchot. Peut-être amorce-t-il un applaudissement pour les efforts fait pour comprendre, maîtriser puis ralentir le réchauffement qui menace aussi les siens ? Il n’a pour l’instant levé qu’un bras, et attend de constater nos progrès pour animer l’autre."

Le courage et la volonté des anciens O n oublie souvent l'incroyable inconfort et le danger per- manent dans lequel les marins autrefois. Et il faut des photos en noir et blanc pour nous le rappeler. Ce bateau est le Garthsnaid, un trois-mâts barque propriété d'une socié- té En cette année 1920, il est parti de pour rejoindre le Mozambique en passant par le Chili, et donc le cap Horn, avec un chargement de nitrate. À ce moment précis, les marins ont été pris dans une tempête et une des voiles doit être referlée d'urgence. sont quatre dans la Quatre hommes sans le moindre harnais, équipés de tenues ne les protégeant vraiment ni du froid mordant, ni des paquets de mer. Quatre marins observés de près par le reste Quatre gabiers de l'équipage qui sait l'importance de la Quatre gabiers qui tra- travaillent à mains vaillent à mains nues pour le salut de tous, donc le leur. savent que, s'ils nues dans la mature, tombent, ce sera la fin. Personne ne viendra les chercher. Le grand bateau pour le salut de tous ne pourra pas faire demi-tour assez vite puis mettre un canot à la mer pour les récupérer avant que l'eau gla- ciale ait décidé de leur sort. Quand la mer se fâche, la seule solution est la fuite, se faire petit et essayer de subir le moins possible. L'océan n'accepte aucune contestation de sa puissance, de son pouvoir absolu. Tout ce qui a été dit des rois peut se dire des flots, écrit Vic- Photo Alexander Turnbull Library, National Library NZ on The Commons tor Hugo. On est leur peuple ; on est leur proie. Tout ce qu'ils délirent, on le subit Mais pendant qu'on admire les gabiers, on oublie que le photographe, Alexander Harper Turner, un jeune officier de 19 ans, s'est installé à du bout-de- hors, pour manipuler un lourd appareil photo de 1920 et rap- porter ce Un autre exploit. 72 73

"Quand la mer se fâche, la seule solution est la fuite, se faire petit et essayer de subir le moins possible. L’océan n’accepte aucune contestation de sa puissance, de son pouvoir absolu. « Tout ce qui a été dit des rois peut se dire des flots, écrit Victor Hugo. On est leur peuple ; on est leur proie. Tout ce qu’ils délirent, on le subit »."

Un dragon qui fait rêver C 'était il y a bien longtemps, lors d'une plongée au sud de l'Australie dans un endroit au nom magique Kan- gourou. On m'avait prévenu que, dans ces eaux froides au sud je pouvais croiser des phoques, des éléphants de mer et même des requins blancs. Mais je ne m'attendais pas à croiser un chevalier directement sorti de la guerre de Cent ans ou du film Car c'est exactement ce à quoi j'ai pensé devant l'apparition d'un dragon des mers feuillu, comme sur la photo un noble destrier moyenâgeux à la te- nue exubérante arborant des II mesurait environ 20 centimètres de haut, ce qui le rendait assez inoffensif mais pas moins fascinant, et j'ai dû rester cinq ou six minutes à le regarder de très près. flottait dans le courant, indifférent à l'observateur. Cette espèce se retrouve principalement dans les eaux de Kangourou, et encore aujourd'hui cela reste l'un de mes plus grands souvenirs de plongée. Cela me rappelle que la biodi- versité n'est pas qu'un concept permettant à l'espèce humaine Photo Sylke Rohrlach de survivre sur cette planète C'est aussi une notion poétique, l'existence d'animaux magni- fiques qui nous aident à rêver, à voir au-delà de notre bulle humaine égoiste. Ce dragon des mers feuillu, dont le nom est déjà un poème, m'a bouleversé par sa beauté et sa fragilité. Aujourd'hui, comme beaucoup d'autres espèces menacées, il La biodiversité est aussi une notion poétique, subit les ravages de la pollution industrielle, du ruissellement l'existence d'animaux magnifiques des pesticides et de l'avidité des trafiquants d'espèces rares. Alors, regardez-le bien et imaginez-le se déplaçant, ses protu- qui nous aident à rêver, à voir au-delà bérances squameuses en forme de feuilles flottant au gré des courants : elle n'est pas fantastique, la biodiversité ? de notre bulle humaine 104 105

"On m’avait prévenu que, dans ces eaux froides au sud d’Adélaïde, je pouvais croiser des phoques, des éléphants de mer et même des requins blancs. Mais je ne m’attendais pas à croiser un chevalier directement sorti de la guerre de Cent ans ou du film Excalibur… Car c’est exactement ce à quoi j’ai pensé devant l’apparition d’un dragon des mers feuillu, comme sur la photo : un noble destrier moyenâgeux à la tenue exubérante arborant des oriflammes…"

"Aujourd’hui les baleiniers, longtemps présents sur l’archipel, ont été remplacés par des scientifiques, entourés de phoques, d’éléphants de mer et de manchots. Quant au navire assurant le ravitaillement de ces terres australes toujours françaises, et qu’on aperçoit sur la photo, il a été baptisé d’un nom qui sonne comme un merci : le Marion Dufresne."

Les textes dans leur intégralité et toutes les photos dans "Un jour en mer"!

Christophe Agnus F un jour en mer nautilus

Un jour en mer, le livre

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