Persécutés tout au long de leur histoire, les chrétiens d’Orient ont pourtant survécu. Mais leur disparition progressive, accélérée ces dernières années, est une tragédie.

L’appellation chrétiens d’Orient est née en France à la fin du XIXe siècle, après les massacres de Damas en 1860, plus de 10 000 morts, le génocide mené par les ottomanes (1914 et 1920) des Assyro-Chaldéens qui a fait 250 000 victimes et des Arméniens, entre 800 000 et 1,2 millions de victimes.

En 1900, le Proche-Orient rassemblait 30 % des chrétiens du monde, ils sont moins de 5 % en 2020. Au cours du XXe siècle et jusqu’à maintenant, les bourreaux changeront de noms ou d’uniformes mais jamais de victimes.

A travers les portraits des personnages emblématiques et des tournages dans chacun de ces pays, ce film veut tracer l’état des lieux et attirer l’attention de l’opinion publique sur la disparition des communautés qui ont résisté pendant 2000 ans.

NOS TÉMOINS

EN IRAK

Monseigneur Najeeb, évêque chaldéen d’Aqra, de Mossoul et de Keramlesh.

En 2014, lors de la prise de Mossoul par Daesh, il a notamment emporté avec lui plus de 800 manuscrits anciens qu’il a numérisé pour les sauver. Aujourd’hui, il œuvre au retour des chrétiens dans la plaine de Ninive.

Monseigneur Nicodemus Daoud Sharaf : évêque syriaque orthodoxe de Mossoul, du Kurdistan et de Kirkouk. Il fut le dernier évêque a quitté Mossoul suite à la prise de Daesh en 2014.

Madame Sabeeha : maire du village chrétien de Manguesh

Lara Yussif Zara : maire du village chrétien de Alqosh.

FICHE PAYS

L’Irak vivait dans une paix unifiée entre chrétiens et musulmans depuis plusieurs siècles. La première intervention américaine a eu lieu en 1991, puis la seconde en 2003, suivi de la chute de Saddam Hussein. Les Américains ont remplacé le gouvernement par les chiites, composant la majorité du pays. Ces derniers ont eu à cœur de se venger de 30 ans de régime autoritaire sunnite. Cela a créé une guerre civile au sein du pays.

Le pays se trouva alors fracturé pour des raisons ethnico-religieuses, et la minorité chrétienne se retrouva prise entre deux feux. Les chrétiens furent perçus comme la 5ème colonne de l’Occident en Irak, et donc de l’occupant américain. Pour cette raison, ils se sont faits massacrés, rançonnés, enlevés, humiliés et spoliés pendant 10 ans de guerre civile.

L’Irak est sorti de la guerre en 2008-2009 et le pays a commencé à se stabiliser en 2010. Cependant, avec l’arrivée de Daesh, la population chrétienne a subi de nouvelles pressions. Daesh voulait purifier l’Irak de la présence chrétienne en poussant les chrétiens à quitter leur pays.

Officiellement, Daesh n’est plus présent en Irak. Officieusement, il reste encore très présent à l’intérieur du pays. Cependant, la problématique actuelle concerne aujourd’hui la corruption qui mine le pays, ainsi que les luttes de pouvoir entre des différentes factions, notamment entre le gouvernement central et le Kurdistan irakien.

Les chrétiens se trouvent à nouveau pris entre deux feux sur ces questions-là. Sur la question de la corruption, beaucoup d’Irakiens, dont les chrétiens, sont fonctionnaires et se retrouvent avec des salaires non payés à la fin du mois. Cela complique la capacité de ces gens à vivre dans leur pays. Ils souhaitent donc quitter massivement le pays pour ceux qui ne l’ont pas encore déjà fait, du fait de l’impossibilité de se projeter et d’envisager un avenir serein en Irak pour eux ou pour leurs enfants.

Sur les chrétiens, on ne trouve pas de chiffres crédibles. Certains chiffres reviennent souvent. A la chute de Saddam Hussein, il y aurait eu 1,3 millions de chrétiens, contre 300 000 au début de la guerre contre Daesh. On peut estimer qu’il y a quasiment un tiers des chrétiens qui restaient qui sont partis pendant la guerre contre Daesh. Pour être optimiste, il resterait entre 250 000 et 200 000 chrétiens en Irak. En vingt ans, la quasi-totalité des chrétiens en Irak ont quitté le pays.

EN EGYPTE

Docteur Adel Ghali : il a travaillé auprès de Soeur Emmanuelle dans les bidonvilles du Caire. Il vient de sortir le livre « L’Appel du Royaume ».

Femme d’un martyr copte : lors de l'attentat contre l'Eglise St Pierre et St Paul, à côté de la cathédrale copte. Le gardien est mort en martyr car il s'est jeté sur le terroriste ce qui a pu limiter le nombre de morts. Sa femme s'occupe aujourd'hui de garder l'église.

Père Filopos : prêtre de l’Eglise Syriaque Orthodoxe du Caire

Mgr Krikor Coussa : francophone, évêque des Arméniens catholiques d’Alexandrie et de toute l’Afrique. Syrien d’Alep.

Père Farid à Alexandrie, maronite.

Père Tarek au Caire, maronite.

Père Rafik au Caire, melkite.

Un prêtre copte catholique : à Heliopolis qui est francophone. Petite minorité (1%) de l’église endémique d’Egypte qui s’est rattaché à Rome, très tardivement par rapport aux autres Eglises d’Orient.

FICHE PAYS:

L’Egypte est un pays qui fut asservi par les ottomans. Les sultans se sont beaucoup appuyés sur les populations locales qui ont été islamisées, pour diriger le pays. Les khédives (noms des représentants en Egypte) ont islamisé le pays mais cela n’a pas changé la démographie. En effet, les 80% de personnes musulmanes qui composent le pays aujourd’hui sont des coptes qui se sont convertis.

Les 20% restants sont chrétiens, selon les analyses. Selon le gouvernement, il y aurait 12% de chrétiens et selon l’église 20%. Si l’on se base sur les registres de baptêmes qui seraient extrêmement précis, il y aurait à peu près 18% de coptes répartis dans toute l’Egypte.

Les coptes vivent plutôt dans les centres-villes des grandes villes et ils ont une bonne situation. Dans les bidonvilles, aux périphéries des grandes villes, on trouve des quartiers de chiffonniers chrétiens et de chiffonniers musulmans. Les chiffonniers sont des gens qui ramassent les poubelles, pour faire le tri et revendre les déchets au kilo. Il n’y a pas forcément de discrimination.

Il y a plutôt de la discrimination à l’encontre des chrétiens dans les périphéries et dans les provinces, où il y a un manque d’éducation. Les Frères musulmans en profitent pour radicaliser les populations, notamment dans le sud de l’Egypte. Cela crée des problèmes de voisinage.

A l’extrême ouest et à l’extrême est du pays, dans le désert libyen et au Sinaï, l’armée égyptienne chasse en permanence les groupes armés terroristes qui gangrènent le terrain. Les chrétiens sont peu concernés par cette zone, car beaucoup ont été chassés par Daesh. On en trouve encore quelques-uns dans la ville de El-Arich, au nord du Sinaï.

EN ARMÉNIE

Père Hovhannès : actuel curé de la paroisse de Mardakert et de Gandzassar. Il s’est incroyablement démarqué lors de la guerre au Haut-Karabagh qui a fait rage l’année dernière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en combattant avec courage et en défendant le monastère de Dadivank, un lieu symboliquement arménien.

Mgr Mardirosyan : de 1989 à 2021, il a été primat du diocèse d’Artsakh. Il était présent lors des deux guerres au Haut-Karabagh (celle de 1994, et celle de l’année dernière). Actuellement, il a pris la retraite de son poste. Il est envoyé pontifical pour le Catholicos Karekin II.

Sourik : Un homme résidant à 6 km au sud de Goris, vétéran de guerre. Il vit à 100m de la démarcation, sans internet et téléphone au fond d'une vallée avec sa femme et sa fille. Il y a 30 ans, il est tombé amoureux du lieu et a construit sa maison. Dans ses décennies de transhumance, il a rassemblé une centaine d'artefacts culturels et historique de grande valeur et a aménagé un petit lac et des jardins. Il est l'auteur d'ouvrages philosophiques et refuse de quitter son terrain.

Grigori : Chef urgentiste de l'hopital de Stepanakert. Il a vu l'enfer de la guerre au plus près. La résistance dont ont fait part lui et son équipe sont remarquables durant 44 jours d'insomnie. Ils ont assisté à des miracles et ont vécu la détermination de ceux ayant pris les armes.

FICHE PAYS

L’Arménie est le premier pays chrétien au monde. Au cours de son histoire, il a très peu été indépendant, toujours balloté entre les grands empires de sa région, notamment ottoman et perse, puis finalement russe.

Après le génocide de 1915, et la révolution bolchevique de 1917, l’Arménie, se place sous la protection de l’Empire soviétique en 1919 pour échapper aux pressions des ottomans, et devient la République socialiste d’Arménie.

Staline obtient tout pouvoir sur la zone, et offre un territoire qui est historiquement la propriété de l’Arménie à l’Azerbaïdjan, pays créé il y a moins d’un siècle : le Haut-Karabagh ou Artsakh. Par ailleurs, l’Azerbaïdjan ne le demandait même pas, mais Staline leur a offert.

Lorsque l’empire soviétique s’effondre, l’Arménie retrouve son indépendance en 1991, ainsi que l’Azerbaïdjan. L’Arménie réclame immédiatement l’Artsakh, terre arménienne sur laquelle vive 94% d’arméniens, où tous les lieux religieux sont arméniens, dont les khatchars (calvaires de pierre typiquement arméniens).

L’Azerbaïdjan refuse et l’Arménie rentre en guerre. Elle finit par récupérer une très grosse partie de l’Artsakh, celle qu’elle réclamait mais également des territoires qui appartenaient à l’Azerbaïdjan.

D’autres guerres se sont déclarées entre les deux pays depuis, sans que cela ne perturbe l’équilibre régional. Fin 2020, la guerre a véritablement repris et l’Arménie a perdu la majeure partie des territoires de l’Artsakh face à l’Azerbaïdjan.

En Arménie, le système politique est complexe. La classe politique était très liée à la Russie, il y avait beaucoup de corruption. Nikol Pachinian, actuel premier ministre, a chassé du pouvoir les derniers reliquats de l’ère soviétique. Il s’est mis la Russie a dos et s’est retrouvé seul sans les soutiens historiques de l’Arménie. Il a mis toute son énergie a essayé de contrer la corruption plutôt que de continuer à développer les moyens de défense de son pays.

Quand la guerre a eu lieu, l’armée a été mise en déroute assez rapidement car il n’avait pas de moyens techniques et technologiques pour pouvoir se défendre. La population lui a reproché d’avoir perdu la guerre et ne pas s’être assez bien préparé. La crise politique interne fut très importante, bien qu’il ait finalement été réélu cette année.

L’Azerbaïdjan continue de mettre la pression aux frontières, il y a des échauffourées et des morts toutes les semaines. Les prisonniers de guerre arméniens toujours présents dans les prisons de l’Azerbaïdjan. La Turquie continue de mettre la pression à l’Azerbaïdjan et à pousser pour qu’éventuellement la guerre reprenne un jour.

Sur le terrain, on observe beaucoup de personnes déplacées de l’Artsakh vers l’Arménie, dont les terres ont été prises par l’Azerbaïdjan. De plus, le taux de pauvreté dans le pays est très important. Le taux de chômage chez les jeunes augmente et la population est en décroissance. Un terrible tremblement de terre en 1988 avait détruit beaucoup de logements dans le nord du pays. La population vit désormais dans des domiks, des bidonvilles de caravane. Dans le reste du pays, surtout dans le sud, on observe beaucoup de déplacés dus à la guerre, se retrouvant sans travail. Il y a un fort besoin de développement économique, pour redonner des possibilités aux populations pour pas qu’elles n’aient

EN SYRIE

Monseigneur Jeanbart : ancien évêque grec melkite d’Alep

Simon Al Wakil : chef de la défense nationale à Mhardeh, il était entrepreneur avant la guerre et a pris les armes pour défendre son village chrétien contre les terroristes. Il est passé à de nombreuses reprises à deux doigts de mourir sur le champ de bataille.

Salem Al Barni : Jeune brillant, l’académie militaire d’Alep où il faisait son service militaire a été attaqué pendant la guerre, il s’est fait enlever par « l’armée syrienne libre » pendant environ 1 mois et demi. Il a été témoin de nombreuses exactions avant d’être libérer et de s’engager dans la défense nationale de la ville de Mhardeh.

Suleiman Khalil : ancien maire du village de Sadad, il a vendu sa maison à Damas pour monter une milice de défense local lorsque son village a été attaqué par les terroristes. D’abord pris par Al Nosra pendant une dizaine de jour, le village de Sadad a ensuite été attaqué par l’État Islamique qui a été repoussé. Il a également aidé de nombreux chrétiens à s’échapper de la ville de Qaryatain qui était sous le contrôle de l’État Islamique.

FICHE PAYS

En Syrie, on observe la même problématique qu’en Irak. Le schéma est très similaire. Le parti Baas est au pouvoir. A la tête du pays, Bachar el-Assad, un président de la République issue d’une minorité (alaouite) face à une population majoritairement sunnite. La communauté chrétienne en Syrie est minoritaire.

Une fracture a commencé à se former dans le pays à partir de 2010. La population a dû faire face à la guerre civile alimentée par les puissances occidentales. Un camp soutenu par l’Occident s’est opposé à un camp soutenu par le gouvernement central et ses alliés russes et iraniens.

Ces deux camps se sont entredéchirés et les chrétiens se sont retrouvés pris entre deux feux. L’unité nationale s’effrite, et le fait religieux et ethnique va être plus important. Les personnes ne vont plus être désignées par leur nationalité mais par leur religion, l’endroit d’où ils viennent etc. Cela crée de grosses fractures au niveau national.

La vie quotidienne va devenir de plus en plus difficile. Les aléas, liés à la guerre et aux embargos, vont conduire les populations qui ont perdues leurs maisons, des populations qui ont été déplacées, des populations qui ont dû fuir et qui aujourd’hui, pour ceux qui sont restés, n’arrivent plus à nourrir leur famille, n’arrive plus à avoir du gaz pour se chauffer chez eux, n’arrivent plus à avoir d’essence pour conduire leur voiture, à quitter le territoire.

Autant de chrétiens que de musulmans sont partis en termes de ratios. Les réfugiés musulmans en Jordanie, en Irak, en Syrie et en Turquie, seront renvoyés en Syrie à la fin de la guerre.

Cependant, les chrétiens ayant obtenus des visas pour le Canada, l’Australie, les Etats-Unis, la France, ne reviendront pas en Syrie, ou alors très peu d’entre eux. En Syrie, à la fin de la guerre, les chrétiens auront clairement diminué de manière impressionnante. Les dommages suscités par la guerre vont nécessiter une reconstruction qui se fera sur de nombreuses années.

AU LIBAN

Mère Agnès Mariam a un père palestinien et une mère libanaise. Pendant son adolescence, recherchant la vérité et Dieu, elle a rejoint le mouvement hippie, voyageant à travers le monde. C'est là qu'elle a perçu l'appel de Dieu et lui a répondu radicalement : à 19 ans, elle entre au Carmel de Harissa, Liban, où elle vivra jusqu'à un nouvel appel de Dieu, en 1992.

« Mon intention était de fonder un monastère au Nord du Liban, dans la Vallée Sainte, mais la Providence m’a guidée vers les ruines d’un monastère fortifié de sixième siècle dans le désert syrien. J'ai été fortement touchée par le lieu et j’ai demandé la bénédiction de l’Evêque local pour le restaurer. Il a accepté avec grande joie. En 1994 j’ai commencé les travaux de restauration, aujourd’hui nous sommes une petite Communauté florissante avec des membres de 8 nationalités différentes. »

Robert Sacy : médecin directeur du département néonatalogie de l’hôpital de la Quarantaine à Beyrouth. Très engagé dans son travail mais aussi dans le monde humanitaire en général. Son hôpital a subi beaucoup de dégâts après l’explosion.

Père Youssef Matta : père supérieur du monastère Notre Dame de Mayfouq. Diplômé en architecture chrétienne, de fortes connaissances sur l’histoire des chrétiens d’orient, directeur également d’une école.

Maya Habib Hafez : directrice de l’association Al Tawarek (= Urgence) qui opère à Tripoli pour aider les chrétiens. A ouvert un supermarché solidaire au milieu du quartier de Mina.

Père Antoine Assaf : curé de la paroisse saint-Elie à Beyrouth.

Docteur Hampig : travaille à l’hôtel Dieu. A été très engagé au moment de l’explosion pour venir en aide aux victimes.

FICHE PAYS

Autrefois province de l’Empire ottoman, puis sous mandat français 1920 à 1943, le Liban s’est construit progressivement au cours du temps. Après avoir obtenu son indépendance le 2 novembre 1943, le pays se voit fragilisé par les différentes rivalités confessionnelles, sociales et politiques qui prédominent au sein de la société. Aujourd’hui, le Liban fait face à une crise sans précédent. Crise sociale, crise politique, crise économique et désormais crise sanitaire affectent le pays.

Depuis le printemps 2019, l’économie du pays ne cesse de s’effondrer. En effet, le 7 mars 2020 le Fonds Monétaire International a déclaré le Liban en défaut de paiement. En conséquence, la livre libanaise (LL) a été très fortement dévaluée. Celle-ci est indexée au dollar depuis 1997 au taux de 1 507 LL pour un dollar. Cette dévaluation a eu un impact très négatif sur les réserves de la Banque du Liban qui se sont alors retrouvées au plus bas. Face à cela, les banques ont limité les retraits et les transferts de dollars. Sur le marché noir, un dollar vaut désormais entre 8 000 et 10 000 LL.

Cette crise économique a pour conséquence directe l’appauvrissement considérable de la population. La classe moyenne est la plus touchée. En avril 2020, la moitié des Libanais vivait sous le seuil de pauvreté. L’épidémie du COVID n’a fait qu’aggraver la situation actuelle. L’endettement du PIB est estimé à environ 170%. L’État est incapable d’assurer les services publics nécessaires à la vie quotidienne comme l’accès à l’électricité.

En résulte des nombreuses mobilisations de la population, notamment des jeunes, contre la classe dirigeante. Notons que les jeunes représentent aujourd’hui 16% de la population libanaise, et 21% d’entre eux ne sont ni dans le système éducatif, ni en emploi, ni en formation. Le 4 août 2020, le port de Beyrouth explose à la suite d’un incendie déclaré à proximité d’un entrepôt qui contenait 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium. Le quartier d’Achrafieh, quartier chrétien de Beyrouth, est très atteint. Cette explosion fait environ 200 morts et des milliers de blessés. Ce traumatisme touche à la fois la société dans son ensemble mais également tous les individus de manière personnelle.

Aujourd’hui, on assiste à un exode massif des Libanais vers les pays occidentaux, privant le Liban de son élite : les personnes les plus compétentes et les plus productives. Cette vague d’émigration est la plus importante que celle qui a suivi le début de la guerre civile en 1975. En 2020, environ 17 Libanais sur 1000 ont quitté leur pays.

EN PAKISTAN

Père Parvez : prêtre catholique pakistanais, il combat contre l’esclavage des chrétiens au Pakistan.

FICHE PAYS

Les chrétiens ont participé fortement à l’histoire du pays. Le Pakistan est indépendant depuis le milieu du XXème siècle, après s’être séparé de l’Inde. Par ailleurs, les chrétiens ont fortement participé au conflit qui opposa l’Inde au Pakistan. Beaucoup de chrétiens étaient officiers, pilotes de chasse, hommes politiques…

Quand les Américains ont attaqué l’Afghanistan en 2001, le conflit a débordé sur le Pakistan, la société afghane et la société pakistanaise étant deux sociétés qui ont beaucoup en commun, culturellement, mais aussi ethniquement.

Les chrétiens présents là-bas, alors que beaucoup dans les campagnes ne savent ni lire ni écrire, ni placer la carte des USA sur un planisphère, ont été perçus comme la 5ème colonne, les espions des Américains au Pakistan. Les attaques, les assassinats, les attentats, les enlèvements à l’encontre des chrétiens ont commencé.

Par ailleurs, au Pakistan, on constate un grand manque d’éducation dans les périphéries des villes et dans les campagnes. Les islamistes en profitent pour imposer un radicalisme aux musulmans dans les campagnes.

Il n’y a pas de villages chrétiens, les populations vivent ensemble, toujours une minorité chrétienne avec une majorité musulmane. Pour des questions maritales, pour des questions de propriété ou pour des questions de business, les musulmans peuvent accuser les chrétiens de blasphème, puni de mort par la justice au Pakistan.

Les populations chrétiennes vivent dans la peur en permanence à cause du radicalisme ambiant, même si le gouvernement pakistanais fait tout pour essayer de les protéger. Par exemple, les juges pakistanais ont essayé de sauver Asia Bibi au péril de leur vie, injustement accusée.

Il existe un système d’esclavage au Pakistan qui touche uniquement les chrétiens. Ce serait illégal de le faire vis-à-vis des musulmans. Des propriétaires terriens assez riches trouvent des gens qui sont à l’article de la misère, de la pauvreté, qui ont besoin de soins médicaux urgents, qui sont à la rue etc. Ils leur proposent de donner une petite somme d’argent en échange de leur travail gratuit, pour rembourser leur dette. Cette somme est équivalente à 200 euros par an, mais évidemment insuffisante pour que les personnes remboursent leurs dettes, qui ne font que s’aggraver. Ces personnes tombent alors dans l’esclavage de génération en génération.

EN ETHIOPIE

Père François : de la communauté des frères de Saint Jean à Addis Abeba, français.
Mgr Lesanuchristos : évêque éthiopien catholique de Bahir Dar.
Père Tamru : Prêtre éthiopien catholique de Gondar. Gondar fait partie de l'évêché éthiopien catho

FICHE PAYS

La problématique actuelle est ethnique et politique, plutôt que religieuse.

L’Ethiopie était, jusqu’au début des années 90, une dictature communiste : le Derg. Ce sont les tigréens une ethnie du nord de 6 millions de personnes environ, qui ont réussi à faire tomber le régime communiste.

Depuis 30 ans, c’était eux qui étaient au pouvoir en Ethiopie. En 2018, ils ont perdu les élections et donc le pouvoir. Ils ont attendu 2018, 2019 et 2020. Ils se sont dit que l’on va attendre les prochaines élections. Mais le gouvernement central, comme beaucoup de gouvernements dans le monde, a voulu repousser les élections pour raison sanitaire liée au Covid.

Les tigréens n’ont pas accepté cette situation et ont décidé de prendre les armes pour reprendre le pouvoir. Les combats contre le gouvernement central se poursuivent depuis plus d’un an. Des exactions ont été commises dans les deux sens, chrétiens contre chrétiens. Dans ce pays de 114 millions d’habitants, 63% de la population est chrétienne, mais ce conflit concerne plutôt des questions ethniques et politiques. Les chrétiens vivent une situation difficile car beaucoup ont dû se déplacer à l’intérieur du pays. Sans compter les pillages, les massacres, les viols, commis des deux côtés.

EN JORDANIE

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FICHE PAYS

En Jordanie, le régime politique en place est une monarchie qui accueille la plus grosse base américaine du Moyen-Orient. Cette base, la base H5, lui permet de vivre en grande partie des aides occidentales, notamment du loyer que paye les Etats-Unis pour cette base.

La Jordanie a fait le choix d’établir la paix avec Israël. Ce pays, très occidentalisé, et aussi un des pays les plus archaïques en termes de composition ethnique. C’est un pays qui est composé de tribus de bédouins, partout sur le territoire et dont le roi dépend beaucoup. A chaque fois que le roi doit prendre de grandes décisions, toutes les tribus bédouines se rendent à Amman et viennent siéger en conseil avec le roi pour trancher.

Ce pays mène une politique assez occidentaliste, mais des foyers d’islam radical existent dans le pays. Il y existe une menace de déstabilisation interne.

La population chrétienne est composée de deux grands ensembles.

Tout d’abord, il existe des chrétiens locaux qui proviennent du foyer d’Aqaba. Ils sont composés majoritairement de grecs catholiques et de grecs orthodoxes, ainsi que de latins du patriarcat latin de Jérusalem.

Dans les grandes villes comme dans les villages chrétiens isolés, les chrétiens locaux sont assez protégés. Cependant, pour que les enfants aient accès à l’éducation, ils sont généralement obligés de partir dans des grandes villes environnantes, là où le taux de chômage y est très élevé.

Les problèmes à l’encontre des chrétiens se trouvent plutôt dans les villes moyennes comme Zarqa ou Karak. Les foyers de radicalismes y sont assez importants. Les chrétiens sont obligés de se protéger, ils sont harcelés dans la rue. C’est difficile de trouver un travail.

De manière générale, on observe un affaiblissement de la communauté chrétienne en Jordanie, liée à l’émigration des chrétiens, au moins des villages vers les villes, ce qui est le premier pas des départs vers l’Occident.

Le deuxième type de communauté chrétienne en Jordanie concerne les réfugiés qui viennent d’Irak et de Syrie. SOS Chrétiens d’Orient aide surtout des chrétiens irakiens réfugiés car ils n’ont pas le droit de travailler : des chaldéens et des syriaques. La situation est très précaire, ils ont besoin de l’aide internationale pour pouvoir survivre.

credit photos: @SOS Chrétiens d'Orient

LE DERNIER REMPART

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